Partenaires sociaux

Pour semer la confusion sur la véritable nature des « relations sociales » (publié mars 2016)

Une combinaison trompeuse de 2 termes  « partenaires » et « sociaux »

Dans l’actualité, ces termes sont régulièrement associés, un seul exemple suffit :

« Manuel Valls a terminé mercredi ses consultations avec les partenaires sociaux sur le projet de loi Travail. Europe 1 vous dévoile les coulisses de ces discussions épineuses sur une réforme qui divise. » (Europe 1)

Cette notion de « partenaires sociaux »  désignent d’un côté les organisations syndicales représentatives des salariés à savoir les syndicats CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC, UNSA, SOLIDAIRES, d’un autre côté les organisations patronales, le MEDEF, la CGPME, UPA représentative des artisans.

Signification du terme « partenaires »

Selon Wikipédia, dans le langage des entreprises :

«  un partenaire est une personne, un groupe, une collectivité, un organisme ou une entité avec laquelle on s’associe ou on s’allie pour réaliser une action commune dans une affaire, une entreprise, une négociation ou un projet »

Selon le dictionnaire des synonymes, le mot « partenaire » est assimilable  à :

« associés, coéquipiers, confrère, compagnon, complice… »

A partir de ces deux approches, il apparaît clairement que les principales caractéristiques des relations entre partenaires sont l’égalité et la communauté d’intérêt.

Or les relations entre organisations patronales et  syndicats de salariés sont profondément conflictuelles et déséquilibrés, car fondés sur un rapport de domination et une poursuite d’intérêts antagoniques.

Des relations dans un rapport totalement inégal

Organisations patronales : domination et pouvoir absolu

Un lien de subordination entre salariés et employeur

Stipulé dans le code du travail, le lien entre patrons et salariés est de subordination : les patrons-actionnaires sont propriétaires des moyens de production, les salariés, eux, ne peuvent assurer leur survie que par  leur travail.
Ce rapport de  dépendance est constamment masqué par l’utilisation du terme  « collaborateurs »

Un  pouvoir de vie et de mort sur l’entreprise

Les actionnaires  peuvent décider du jour au lendemain de fermer, pour des soi-disant raisons économiques, une entreprise et de mettre des centaines de salariés à la rue sans réel motif.
Cette toute puissance est masquée par l’utilisation de  termes particulièrement perfides :
– le motif de « préservation de la compétitivité » autorise la mise à mort d’une entreprise en bonne santé (voir nos analyses sur Somfy et Camiva)
– le dispositif dénommé  « plan de sauvegarde de l’emploi », signifie  la destruction d’emplois et la mise au chômage des salariés.

Organisations syndicales : des prérogatives limitées et remises en cause

Créées à l’origine pour s’opposer à la répression patronale, les syndicats perdent, aujourd’hui, une grande part de leurs moyens d’action, pour 2 raisons :
– diminution du nombre d’adhérents ,
– affaiblissement de leur  rôle de représentation et de défense des intérêts des salariés, le dernier exemple en date réside dans la future loi EL Khomry instituant un recours au référendum dans l’entreprise.

Le seul réel pouvoir est l’appel à la grève, difficile à mettre en œuvre du fait d’un niveau de salaire très bas, d’un chômage élevé et d’un discours idéologique stigmatisant tout mouvement social, opposant ainsi les salariés entre eux.

Le Code du travail : une limite au pouvoir patronal en voie de détricotage

Dés la fin du 19ème siècle, la nécessité de protéger les salariés contre le pouvoir patronal a donné naissance à différentes lois sociales. Elles seront rassemblées dans un  Code du travail qui sera  adopté par une loi de décembre 1910. Par la suite, ce code sera profondément remanié à plusieurs reprises, dans un sens favorable aux salariés jusque dans les années 80, puis dans un sens  de plus en plus défavorable. Le  coup de grâce sera porté par  la future loi El Khomry.

En renvoyant la négociation au niveau de l’entreprise, ce projet de loi supprime la protection des salariés et restaure le pouvoir absolu aux patrons.

Des intérêts profondément divergents

La pérennité de l’entreprise et un partage équitable des richesses pourraient représenter une communauté d’intérêt  pour l’ensemble des acteurs de l’entreprise comme c’est le cas pour les SCOP.

Mais le seul objectif pour les actionnaires dans les entreprises capitalistes  est la maximisation de leur profit par tous les moyens, et notamment en faisant  pression sur les salaires et les conditions de travail.

Dans un contexte de chômage massif et  de mondialisation, le dumping social  est l’arme préférée du patronat  se traduisant par les délocalisations, le recours à des travailleurs détachés ….

Un objectif qui rentre de plein fouet en contradiction avec les intérêts  des salariés : sécurité de l’emploi et niveau de salaire décent.

Il ne peut être question de partenariat entre des organisations, dont l’une domine l’autre en lui imposant toutes ses décisions .

Pourquoi ne pas désigner tout simplement les organisations par leur noms : Syndicats et patronat ? Parce que le néo libéralisme n’a de cesse de vouloir faire oublier la guerre de classe que mène aujourd’hui le patronat au nom des actionnaires.

Twitter Facebook PDF Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Commentaires

LE GALL Patrick dit :

Dans la CGT, on a globalement réussi à se débarrasser de la notion de « charges » en parlant des cotisations sociales
Pour ce qui est des « partenaires sociaux », c’est pas gagné! On commence seulement à mettre des guillemets quand on parle des « partenaires ».
Je me bats depuis longtemps dans mon organisation, la CGT, de bannir ce mot de partenaire de notre vocabulaire.
Comment peut-on affirmer, rabacher, que l’on est un syndicat de CLASSE et en même temps se classer partenaire du MEDEF!
Fraternellement
Patrick Le Gall

BERARD Jean-Claude dit :

Cette guerre de classe menée sans répit, dans une totale opacité hypocrite et cynique, par l’actionnariat et la finance contre le salariat a provoqué le désordre économique, la précarisation et la pauvreté extrême des travailleurs salariés qui, depuis 4 décennies, se sont fait spolier d’une part de plus en plus importante du fruit de leur travail par les actionnaires et les boursicoteurs.
Si la répartition de la valeur ajoutée du travail était restée au niveau de celle des années 1970/1980, il n’y aurait pas d’explosion de « salariés pauvres-SDF » : c’est la goinfrerie de l’actionnariat patronal et de la finance qui est la cause princeps des problèmes économiques et sociaux que nos dirigeants pseudo-socialistes ont le culot de prétendre résoudre en voulant programmer la mise à mort des principes protecteur du droit du travail.
Compte-tenu de l’ampleur et de la violence des dégâts qu’elles provoquent, ces décisions politiques méritent d’être stigmatisées et leurs auteurs sanctionnés aussi violemment que toutes les ordures coupables de « crime contre l’humanité ».