Alstom/Général Électric
Racket des USA, Casse sociale et industrielle et Complicités frauduleuses (publié octobre 2019)
Un retour fracassant dans l’actualité
La vente d’ Alstom à l’américain Général Électric, effectuée en 2014, revient dans l’actualité en cette fin d’année 2019 , pour deux raisons.(voir la vidéo)
Violation des engagements
Non seulement GE ne respecte pas son engagement de créer 1000 emplois en France, bien au contraire, il s’apprête, en 2019, à en supprimer plus de 1000 dont les ¾ sur le site de Belfort.
En outre, il vient de se livrer à un odieux chantage, une réduction du nombre de licenciement en contrepartie d’importants sacrifices pour les salariés. Et malheureusement l’unité syndicale a été brisée, le conflit stoppé, les salariés ont accepté « cet accord » à une grande majorité.
Pourtant comment peut on encore croire aux promesses de GE ?
Saisine du Parquet National Financier
En janvier 2019, le député LR Olivier Marleix, demande l’ouverture d’une enquête par le Parquet de Paris sur les circonstances de cette vente et le rôle joué par Emmanuel Macron alors ministre de l’économie . En juillet de la même année la procédure est transférée au Parquet National Financier.
En fait, derrière cette affaire Alstom/ General Electric se profilent trois scandales
La guerre économique souterraine des USA
Les dirigeants américains s’adonnent depuis 2 décennies à un véritable racket contre les entreprises étrangères en particulier européennes et françaises sans la moindre réaction de leurs gouvernants.
Depuis plus de 10 ans, les Etats Unis, sous couvert de lutte contre la corruption, sont parvenus à déstabiliser les plus grandes multinationales européennes, en particulier françaises. Le ministère américain de la Justice poursuit leurs cadres supérieurs, parfois les jettent en prison et poussent ces sociétés à payer des amendes colossales, en les contraignant à plaider coupable.
Depuis 2008, vingt six sociétés ont réglé des pénalités de plus de 100 millions de dollars au trésor amérricain. Quatorze sont européennes. Cinq sont françaises. Cinq seulement sont américaines. (Le piège américain – Frédéric Pierucci)Comment une amende de 772 millions de dollars et des poussières transforme-t-elle un fleuron de l’industrie française en filiale d’un groupe américain, son concurrent direct depuis des décennies ? …
Il s’agit du dernier épisode de la guerre économique, qui a contraint un groupe industriel français à céder les deux tiers de ses activités à Général Electric. Le 22 décembre 2014, aprés quatre ans et demi d’enquête, le département de la justice des Etats Unis a imposé à Alstom un accord négocié au terme duquel, le groupe français s’est vu condamner à verser la plus grosse amende jamais infligée à une entreprise pour une affaire de corruption … (Alstom, Scandale d’Etat – Jean Michel Quatrepoint)Aussi écrit Valerie Segond, en se posant en grand justicier des affaires économiques dans le monde, les Etats Unis imposent leur justice négociée, récupèrent les milliards de dollars d’amendes pénales et somment les entreprises du monde d’appliquer leurs règles? Et, au passage, ils aident leurs entreprises dans la concurrence mondiale en leur permettant d’acheter nos entreprises à bas prix (Alstom, Scandale d’Etat – Jean Michel Quatrepoint)
A la lecture de ces extraits d’ouvrages, il apparaît clairement que les dirigeants US veulent asservir les groupes étrangers, en leur imposant des règles et en soumettant leurs dirigeants au chantage à l’incarcération.
Et quel est l’habillage juridique pour soumettre les entreprises étrangères à leur justice ?
Le principe de base de ces règlements est l’extra-territorialité. Toute entreprise cotée aux Etats Unis ou qui a utilisé le dollar dans les faits incriminés ou dont les mails ont transité par un serveur basé aux Etats Unis peut tomber sous le coup de la justice américaine (Alstom, Scandale d’Etat – Jean Michel Quatrepoint)
Et aucun gouvernant étranger ne proteste contre ce comportement inique et scandaleux.
La perte d’une entreprise stratégique
Alstom est une entreprise stratégique pour la France tant au niveau de la production énergétique que dans le domaine de la défense nationale.
« Alstom n’est pas une entreprise comme les autres, elle fait partie du patrimoine national…..Présent sur toutes les technologies …., Alstom est également le leader incontesté dans la fabrication des turbines de l’ilot conventionnel des centrales nucléaires… Sa dernière née, Arabelle, est l’une des turbines les plus fiables au monde…
Alstom assure la maintenance des cinquante huit centrales nucléaires françaises et de sept à l’étranger…
Alstom est un des acteurs incontournables de la transition énergétique, ce qui fait du groupe l’un des piliers de l’activité économique au XXIe siècle …Dans la concurrence économique mondiale, ne pas être maître de la filiale énergétique va être un rude handicap » (Alstom, Scandale d’Etat – Jean Michel Quatrepoint)Avec le rachat d’Alstom Energie,GE récupère toutes les activités qui lui donnent un quasi monopole sur les systèmes de propulsion de nos navires de guerre …
le groupe américain devient le propriétaire d’une société spécialisée dans le traitement des données satellitaires: Satellite Tracking System….
En France, elle a notamment pour client Thales et la direction du renseignement militaire ….
Pourquoi le ministère de la Défensea-t-il laissé faire et ignoré les mises en garde des services quant à la cession à GE de Satellite Traking System ? (Alstom, Scandale d’Etat – Jean Michel Quatrepoint)
Ces deux extraits font froid dans le dos, la France a perdu la maitrise de son énergie et de sa défense nationale. Comment un tel gâchis a-t-il pu se produire ? Grâce à des complicités françaises, certains n’hésitant pas à employer des moyens frauduleux pour satisfaire les américains au détriment de l’intérêt national.
Des complicités françaises quasi frauduleuses
Clara Gaymard
En 2006, GE recrute Clara Gaymard, une française au carnet d’adresses bien rempli, épouse d’un ex ministre de Chirac, Hervé Gaymard qui s’était illustré dans les années 2000, avec l’occupation d’un appartement de 800 m2 en plein Paris, au frais de la collectivité.
Clara Gaymard a pour mission de jouer les intermédiaires pour convaincre les dirigeants français .
Clara Gaymard est donc envoyée par Jeffe Immelt en mission. Elle doit sonder le gouvernement sans trop s’avancer. Elle profite d’un déplacement d’Arnaud Montebourg, qui accompagne François Hollande aux Etats Unis, pour prendre un café avec lui, le 11 février au Sofitel de Washington. (Alstom, Scandale d’Etat – Jean Michel Quatrepoint)
Jeff Immelt est le PDG de GE, et A Montebourg est encore pour quelques mois ministre de l’économie.
Une fois la vente actée C Gaymard quittera GE dans de très bonnes conditions (voir plus loin).
Patrick Kron, PDG d’Alstom
En 2010, le FBI ouvre une enquête pour corruption contre Alstom concernant les conditions d’une vente de centrale nucléaire en Indonésie en 2002.
Et c’est alors la menace d’une amende record et de l’incarcération des dirigeants.
En février 2013, Patrick Kron conseille vivement à plus d’une soixantaine de cadres, de ne plus se déplacer aux USA, pour éviter l’arrestation.
Mais sur sa liste ne figure pas Frédéric Pierucci , haut cadre dirigeant , qui se rendra en avril aux USA. Dés sa descente d’avion, il est arrêté et jeté en prison dans des conditions effarantes, il y passera prés de 3 ans.
Il est lâché par la Direction d’Alstom, licencié pour absence prolongée et ne bénéficie d’aucun soutien politique.
Alors la peur s’installe chez les autres dirigeants qui, pour éviter de connaître le même sort que leur ex collègue vont se soumettre au diktat de GE, d’autant que l’interdiction de se déplacer entrave considérablement le management d’Alstom et que cela ne peut pas durer.
Alors P Kron n’hésite pas à utiliser un stratagème à caractère frauduleux dans le seul but de convaincre les dirigeants politiques français de l’urgence de céder au plus vite Alstom à GE.
Le 21 janvier 2014, il convoque une conférence de presse pour annoncer de graves difficultés financières dans l’entreprise . Aussitôt le cours de l’action s’effondre.
Bouygue, principal actionnaire qui a intérêt à la vente participe à cette malversation en manipulant ses comptes, aggravant la chute du cours en Bourse.
Or cette information est mensongère, car la situation financière d’Alstom n’avait rien d’alarmante, les documents financiers publiés par la suite le prouveront.
Quelques jours plus tard, le 9 février 2014, les dirigeants d’Alstom et de GE P Kron et Jeff Immelt se rencontrent, en grand secret, dans un palace parisien, pour jeter les bases d’un accord.
Le 23 avril, l’information sur cette réunion fuite et est diffusée par l’agence Bloomberg.
Alors la réaction du ministre de, l’économie de l’époque, A Montebourg ne se fait pas attendre, il est hostile à cette vente, préférant un accord avec l’allemand Siemens.
Or cette réticence du ministre constitue un véritable handicap, car son autorisation est indispensable pour valider la vente
Alors, durant les mois suivants, les tractations vont bon train, il s’agira surtout de trouver un habillage laissant croire à des concessions de GE, ceci pour sauver la face du ministre et des dirigeants français.
Emmanuel Macron
Quand en août 2014, A Montebourg est remplacé par E Macron, c’est le dernier rempart qui saute.En effet depuis 2012, alors qu’il était secrétaire de l’Elysée, E Macron n’a cessé d’œuvrer pour réaliser cette vente, notamment pour satisfaire son ami Bouygues, client de la banque Rotschild, ancien employeur de E Macron.
La vente est définitivement actée en novembre 2014 avec l’autorisation du ministre de l’économie dans des conditions pourtant bien défavorables pour la France.
Le prix de cession est de 7,6 milliards de dollars. L’amende infligée à Alstom atteint un niveau record, un montant de 772 millions de dollars.
Des manœuvres sanctionnées ?
Clara Gaymard
Clara Gaymard quitte GE en 2016 et selon un article de Médiapart, elle continue à être rémunérée par GE en 2017, pour des conseils et bénéficie de largesses de la part de Bouygues qui soutient sa reconversion.
Patrick Kron
Malgré la diffusion d’une information mensongère, P Kron n’est pas poursuivi et quitte Alstom/GE avec une prime de 4 millions €.
L’autorité des marchés financiers dont la mission est de vérifier la fiabilité des informations financières et qui n’a eu aucune réaction face au mensonge de Kron, n’a pas été non plus sanctionnée.
P Kron a sacrifié à la vindicte des USA, un des hauts dirigeants d’Alstom qui passera 3 ans en prison aux USA, dans des conditions trés éprouvantes, quartier de haute sécurité. Frédéric Pierucci devra assurer tout seul les conséquences financières de son incarcération : financement des avocats et paiement de la caution.
Bouygues, actionnaire à 28% d’Alstom désireux dés 2012 de se débarrasser , à bon prix, de ses actions et en partie, coresponsable de la chute du cours en 2014, n’a pas été pénalisé, au contraire, selon le journal « Investir », il réalise une belle plus value sur la revente partielle de ses actions en septembre 2019.
Emmanuel Macron
Quant au ministre de l’économie E Macron, il a, depuis, été élu Président de la République.
Mais en 2019, le parquet de Paris a été saisi d’une enquête pour « pacte de corruption » le concernant.
En effet , lors de la cession, des honoraires exorbitants versés (276 millions €) par Alstom à des cabinets conseils ont intrigué des députés.
Selon un article de Médiapart, une commission d’enquête parlementaire sur la politique industrielle présidée par le député LR Olivier Marleix a rendu ses conclusions fin 2018, dans lesquelles est évoqué un éventuel pacte de corruption. Ce député relève en effet des coincidences bien curieuses :
« Le fait que l’on puisse retrouver dans la liste des donateurs ou des organisateurs de dîners de levée de fonds des personnes qui auraient été intéressées aux ventes précitées [Alstom, Technip, Alcatel…] ne peut qu’interroger, S’il était vérifié, un tel système pourrait être interprété comme un pacte de corruption. »
Il s’agit des donateurs de la campagne présidentielle de Macron.
En juillet 2019, le parquet de Paris annonce le transfert de la procédure engagée au Parquet National Financier.
D’autres organismes ont entamé des poursuites en justice.
Anticor, une association contre la corruption a annoncé avoir déposé plainte pour corruption et détournement de fonds publics.
L’intersyndicale General Electric Belfort a porté plainte le 7 octobre 2019 contre l’État devant le tribunal administratif de Paris, pour le non-respect de l’accord signé avec General Electric le 4 novembre 2014. Malheureusement cette poursuite risque bien d’être abandonnée avec l’odieux chantage à l’emploi.
Espérons que le Parquet National Ffinancier ne cédera pas aux probables pressions politiques.
Sources
Alstom scandale d’Etat, Jean Michet Quatrepoint
Le piège américain, Frédéric Pierucci
Racket, Dominique Manotti
Articles Médiapart
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Article Investir du 14/09/2019
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