GM&S (ex), MBF aluminium, Métaltemple (ex)
Des entreprises de sous traitance automobile pillées par des affairistes sans foi ni loi (publié mai 2018)
Quand, en 2014, Gianpiero COLLA s’était porté candidat à la reprise de l’entreprise Altia (GM&S) en dépôt de bilan, aucun responsable n’avait, alors, cherché à connaître son passé d’affairiste, amateur de subventions publiques et fossoyeur d’entreprise. (voir vidéo sur l’ogre COLLA)
En effet, depuis son arrivée en 2008 en France, le tableau de chasse de G Colla était impressionnant. Avec son épouse Claudia, son ami D’Andréa et quelques autres compagnons italiens (Montanti, Blandino …), ils avaient repris et liquidé, une entreprise de transport, et trois autres, sous traitantes de l’automobile.
Leurs pratiques auraient dû inspirer des réserves : alors que les sociétés reprises étaient toutes situées en France, qu’eux-mêmes résidaient en Italie ou en Suisse, les holdings étaient, elles, implantées au Royaume Uni et en Nouvelle Zélande. Ces montages avaient-ils pour but de jeter un écran de fumée sur les flux financiers entre les sociétés françaises et leurs holdings et de brouiller les pistes quant à la véritable utilisation des subventions reçues en France ? On aurait pu, au moins, se poser la question.
GM&S n’a pas vécu longtemps sous le règne des Colla et Cie, redressement judiciaire au bout de 2 ans, et liquidation judiciaire en 2017.
La seule entreprise survivante à l’heure actuelle est MBF aluminium, située à St Claude dans le Jura. En 2018, soit 6 ans après sa reprise, elle parait en bonne santé. Mais il ne faut jamais se fier aux apparences, de sombres nuages s’accumulent au dessus de sa tête, qui pourraient bien menacer sa pérennité.
Lire l'article completLes reprises et liquidations d’industries avant 2014
La première victime : une entreprise de transport
Colla débarquera en France avec sa holding B4 Italia pour reprendre, Transrochette, une entreprise de fret située en Savoie. Rebaptisée AG transport France, cette société sera définitivement liquidée en 2014.
L’histoire désastreuse des « Métaltemple » sous traitants automobiles
Un fiasco social
Le dépôt de bilan en 2008 de Métaltemple en Savoie fut le point de départ de la Saga des Colla et Cie dans l’industrie française. Grace à ses belles promesses de maintien de l’emploi, le sieur Colla fut choisi comme repreneur. Il en fut de même, en 2009, pour l’industrie de Fumel , rebaptisée Métaltemple Aquitaine puis celle de Beaud Mécanique en Haute Savoie, rebaptisée en Metaltemple Beaud Mécanique. Leur durée de vie fut brève, puisque en 2013 et en 2015 ces entreprises seront liquidées, entrainant la suppression de 470 emplois.
Pour Métaltemple Savoie, la saga perdurera encore quelque temps : sur la dépouille fumante de la société, G Colla créera MT Technologie qui, deux ans plus tard, sera à son tour, liquidée.
Un coût financier élevé
Entre 2008 et 2013, des aides financières seront versées pour un montant de 26 millions €, sous forme d’abandon de créances ( 16 millions €) et de contribution du FMEA (10 millions €) avec des conditions bien peu contraignantes et un contrôle quasi inexistant.
Pour percevoir les 10 millions € , l’actionnaire s’engageait à créer une holding en France, et à lui accorder un prêt de 2,4 millions €.
Ainsi fut constituée Steel&Founding Holding en Savoie, qui recevra les 10 millions € du FMEA et les 2,4 millions € de son actionnaire.
En fait, S&F Holding ne sera qu’un simple échelon intermédiaire entre les Métaltemple et la holding anglaise de Colla, sans vraiment faire obstacle à d’éventuels transferts financiers.
Une seule reprise non liquidée mais bien lucrative
En 2012, Colla et Cie reprendront MBF Technologies, une fonderie d’aluminium située dans le Jura, sous traitante automobile, placée en 2011 en redressement judiciaire.
Sur les 450 emplois, seuls 250 seront conservés et les actionnaires investiront 2€ pour le fonds de commerce et 50 000 € pour le stock et deviendront propriétaires de MBF Aluminium
Et le retour sur cet investissement de 50 002 € sera immédiat.
Dés 2012, PSA et Renault verseront une contribution de 5 millions € non remboursables et l’État accordera une exonération fiscale représentant une économie d’impôt de 2,2 millions €, la première année. A partir de 2013, avec l’institution du CICE, c’est l’Etat qui sera redevable d’un crédit d’impôt.
En 2014, cette entreprise constituera le seul bon exemple de réussite. Par la suite, des pratiques douteuses de transfert de fond pourraient avoir de lourdes conséquences sur sa pérennité (voir plus loin)
Les holdings à l’étranger créées avant 2014
Au Royaume Uni
Avec la reprise de Métaltemple Savoie en 2008, débutera la saga des holdings implantées au Royaume Uni, à Wickford dans le comté d’ESSEX
La première sera dénommée B4 Trading UK, rebaptisée ensuite MS&F Invest. et servira de maison mère directe aux sociétés Métaltemple, puis à leur holding française Steel&Founding, simple échelon intermédiaire.
La deuxième sera dénommée CMV aluminium, CMV étant les initiales des trois actionnaires, Colla, Vieville et Martins. Ces deux derniers, savoyards, sont des ex dirigeants de Métaltemple intégrés à l’équipe Colla. Dans quelles conditions ?
CMV sera la maison mère directe de MBF aluminium et MT Technologie et plus tard elle intègrera Affinage Aluminium Premery lors de son acquisition en 2015.
Une troisième holding verra le jour en 2014, GM&S Industry, pour servir de maison mère à la nouvelle société reprise en France GM&S.
En Nouvelle Zélande
West Coast limited, située à Auckland et créée en 2011, est liée à CMV, les actionnaires étant les trois mêmes personnes et son directeur, l’ami de toujours, le sieur D’Andréa.
Pourquoi ces choix d’implantation géographique et cette multiplicité de holdings ? Pour éventuellement masquer des flux financiers et d’éventuels détournements ? On peut le craindre.
GM&S : entreprise cinquantenaire, liquidée en peu de temps
Une entreprise cinquantenaire
Créée en 1963, sous le nom de Socomec, à la Souterraine, spécialisée dans la production de jouets métalliques, la patinette, l’usine se développera et se diversifiera dans la fabrication de pièces et de petits sous ensembles pour l’industrie automobile.
Dés la fin des années 90, elle fera l’objet de transactions financières à répétition, la fragilisant peu à peu et quand la crise de 2008 éclatera, elle n’y résistera pas et sera mise en redressement judiciaire.
Le groupe Altia se portera, alors, acquéreur et bénéficiera d’aides très conséquentes, 20 millions €, de l’État par l’intermédiaire de la BPI et du FMEA.
Au travers de facturations en tout genre, de location à prix exorbitants, de prélèvement de dividendes, le groupe Altia mettra à nouveau l’entreprise en difficulté, la contraignant à nouveau au dépôt de bilan en 2014.
Une confiance aveugle
Et le seul repreneur à se présenter est G.Colla avec sa holding nouvellement créée, aucune enquête sérieuse ne sera diligentée sur les pratiques passées de ce personnage, comme en témoigne cet extrait d’un l’article paru dans « l’Usine nouvelle » du 1er décembre 2014 :
« A la tête d’une holding qui compte plusieurs fonderies, l’homme d’affaires italien Gianpiero Colla a repris plusieurs entreprises françaises ces dernières années, reprises accompagnées à chaque fois de suppressions d’emplois. Ce fut le cas pour Metaltemple basée à Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie) reprise en 2013 et la société MBF Aluminium à Saint-Claude (Jura) acquise en 2012. »
Outre l’erreur commise sur la chronologie des évènements, Métaltemple Savoie a été reprise en 2008 et liquidée en 2013, il n’est nullement fait mention des 4 entreprises liquidées avant 2014, ni de la multiplicité des holdings et de leurs implantations au Royaume Uni et en Nouvelle Zélande, encore moins des fonds versés en pure perte.
Et G.Colla sera cru sur parole quand il s’engagera à maintenir 280 emplois sur les 322 existants
Ainsi, pour 3 € symbolique, l’entreprise rentrera, en décembre 2014, dans le giron du groupe Colla et de sa holding anglaise (GM&S Industry limited), sous la dénomination de GM&S Industry France.
De nouvelles aides financières
Dans les comptes 2015, apparaissent une subvention d’exploitation de 3,5 millions € et une subvention d’investissement de 650 milliers €. Tout comme MBF aluminium, l’entreprise bénéficiera de l’exonération fiscale représentant une économie d’impôt de 334 303 €.
La holding anglaise investira généreusement un montant de 50 000 €.
Et la liquidation judiciaire en juin 2017
Comme la majorité des entreprises gérées par G COLLA, la vie sera très courte, à peine 2 ans et demi plus tard, elle est liquidée.
Une partie de l’activité sera reprise par GMD avec 120 salariés.
La situation actuelle de la seule survivante, MBF aluminium
Une apparente prospérité
Selon le site internet, l’entreprise est considérée comme « l’un des principaux spécialistes européens de l’injection sous pression, de l’usinage et de l’assemblage de pièces en aluminium, de grandes séries pour l’industrie automobile allant jusqu’à 10 kg ».
Ses clients sont les constructeurs automobiles, Peugeot, Ford, Nissan, Renault, BMW….
Le chiffre d’affaires progresse chaque année et l’effectif est passé à 284 salariés et les résultats sont constamment bénéficiaires.
En 2015, avec l’acquisition d’une usine à Premery dans la Niévre, Affinage Aluminium France (ex SNR, ex Sobral), MBF aluminium contrôle une partie de ses approvisionnements.
Une pérennité menacée ?
En 2017, MBF est contrainte d’avoir recours au leasing pour assurer le financement de nouvelles machines, les banques n’acceptant pas de lui accorder un prêt.
L’analyse des comptes de la société pourrait bien expliquer les raisons de ce refus. Depuis 2012, une somme importante est prêtée par MBF, atteignant un montant de 13 millions € en 2016.
On ne sait qui est l’heureux destinataire de ce prêt sans intérêt, mais il ne s’agit pas d’une entreprise du groupe CMV, comme le démontre la lecture des comptes consolidés.
La conséquence pour MBF est un endettement important, prés de 70% des ressources sont, en 2016, constituées par des dettes générant des intérêts. Et le coût du leasing fera peser de nouvelles charges sur la rentabilité de l’entreprise.
Et pourtant, alors que la pérennité de l’entreprise pourrait être affectée par cette « anomalie » financière, aucun commentaire n’apparaît dans le rapport de l’expert comptable, ni dans celui du commissaire aux comptes.
Quant à Affinage Aluminium Premery, les déficits s’accumulent, probablement liés à ses relations commerciales avec MBF, des ventes à des prix en dessous du prix de revient ?
La situation des holdings
En France
Steel et Foundry, destinataire des 10 millions € du FAA, (ex FMEA), a remboursé 149 500 € en juin 2016 et le reste est parti en fumée. Cette société holding n’est plus qu’une coquille vide.
A la même adresse, le couple COLLA possède une société civile immobilière, SCI Métaltemple. Comment ont-ils pu conserver un bien, malgré leur énorme responsabilité dans ces gâchis sociaux et financiers ?
Au Royaume Uni
On ne décompte pas moins de 4 holdings contrôlées par G COLLA et situées à la même adresse : MS&F, CMV aluminium, GM&S et une toute nouvelle HIGHSPRING.
Quelles sont les sociétés détenues par ces holdings ? Mystère !
D’autres holdings apparaissent et disparaissent à la même adresse, sociétés dormantes ?
La société West Coast Companies existe toujours en Nouvelle Zélande.
En espérant qu’il soit mis fin à l’anomalie financière de la seule entreprise survivante, MBF aluminium et que cessent les agissements du sieur COLLA en France et dans le monde.
Sources
Comptes financiers
Bilan et comptes de résultats des sociétés métaltemple Savoie, Beaud, Aquitaine, GM&S et MBF aluminium
Rapport du commissaire aux comptes 2011 Métaltemple Savoie
Rapport du commissaire aux comptes 2015 GM&S
Rapport commissaire aux comptes 2013 et 2016 MBF aluminium
Articles de Presse
Usine nouvelle 1er décembre 2014 (GM&S)
L’Humanité du 4 juillet 2017 GM&S
Le Progrés du Jura du 4 janvier 2018 MBF aluminium
L’Humanité Dimanche du 11 mai 2018
Site internet MBF aluminium
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