Hermés et le bluff du ruissellement

L’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui  aurait pu être un beau conte de fées.
Depuis prés de 2 siècles, le groupe  Hermès  est resté aux mains de la même famille, six générations se sont succédées, fidèles à une même stratégie :  se protéger des prédateurs, ne pas céder aux sirènes de la délocalisation,  investir  et créer chaque année  des emplois en France . C’est aussi un fleuron de l’industrie du luxe où le savoir faire des artisans est constamment magnifié et vanté.

Mais derrière ce beau conte de fées, se cache une toute une autre réalité.

Voila les fabriques de beaux sacs cousu mains : 10 entreprises  en France réparties sur tout le territoire avec  2 433 salariés, qui perçoivent un salaire moyen mensuel de 2400 € en 2016.
A l’exception des Ardennes, elles sont toutes en déficit permanent, et pour la seule année 2016, la perte atteint 13 millions €.

Les dirigeants tiennent alors ce discours : nous perdons de l’argent parce que le coût du travail est trop élevé par rapport à votre productivité, mais heureusement que vous êtes chez Hermès, qui renfloue vos déficits car, dans un autre groupe, les entreprises auraient fermé depuis longtemps.

Mais, en 2010/2011 une expertise a démontré  que les résultats étaient « bidouillés », et par crainte d’un mouvement social, les actionnaires  ont octroyé généreusement une participation sur les résultats à tous les salariés du groupe, même dans les entreprises déficitaires.
Mais, c’est une parfaite infantilisation des ouvriers, traduisant un profond mépris de classe.

Voila les beaux magasins d’Hermès, avec une seule entreprise   Hermès Sellier, 2 941 salariés au salaire brut moyen mensuel de 4 400 € et un bénéfice de 391 millions €.

La combine est simple, Hermès Sellier  achète les sacs à prix bradés aux entreprises de production et les revend à prix forts à sa riche clientèle, ce qui génère des déficits dans les usines de fabrication et fait apparaître un gros bénéfice dans les beaux magasins.

Pour quelles raisons ce transfert de marge ? Pas pour payer moins d’impôt mais pour éviter des revendications salariales chez les ouvriers,  percevoir les subventions sur les bas salaires (pas de petits profits), et aussi pour ne pas mettre en difficulté les autres patrons de la région, la solidarité entre dirigeants fonctionne à plein régime.

Voici la holding Hermès International, qui manage toutes les entreprises du groupe, avec 340 salariés cadres, au  salaire brut moyen mensuel de 10 200 €, et un résultat d’1 milliard euros.

La combine est simple : Hermes International facture des services aux entreprises du groupe et prélève des dividendes sur les résultats d’Hermés Sellier.

Maintenant, voici  Axel Dumas, gérant du groupe Hermés, au revenu mensuel de 210 000 € en 2016, en augmentation de 13% par rapport à 2015.

Enfin  les actionnaires, qui ont investi dans le groupe Hermès un capital de 103 millions € et qui reçoivent chaque année un dividende de 532 millions € (moyenne sur les 5 dernières années)
Ce qui permet à la famille Hermès de trôner à la troisième place des grandes fortunes de France.

Voila un exemple des combines utilisées par les groupes pour faire avaler que les salaires des ouvriers sont trop élevés et qu’il faut baisser le cout du travail !!
Les transferts de marge permettent de jeter un brouillard épais sur l’origine de la création de richesse , parce qu’en fait, la richesse, elle est créée dans les entreprises de production qui la transfère par l’intermédiaire de ventes à perte dans la seconde (Hermés Sellier), qui, à son tour ,la transfère par l’intermédiaire de services facturés et de versement de dividendes à la troisième et en final, tout va chez les actionnaires et, au passage, les dirigeants se servent généreusement.
Le ruissellement, cher à nos gouvernants, il s’effectue des entreprises de production vers les actionnaires et non l’inverse !!!

Mes enfants, dénonçons les mensonges de nos gouvernants qui veulent casser le SMIC aujourd’hui, réduire à la pauvreté les travailleurs qui produisent, alors que s’enrichissent, sans rien faire, les actionnaires faussement dénommés investisseurs.

Sources
Documents de référence Hermès :2009 à 2016
Comptes des dix entreprises Hermès de maroquinerie, d’Hermès Sellier et Hermès International, 2010 à 2016.
Journal Europe 1 du 18 décembre 2012 « grève pour une hausse de salaire »
Magazine Challenges juin 2017

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