Derichebourg Aéronautics Services

Grosse duperie des salariés et de l’État (publié août 2020)

Les données du chantage

Derichebourg est un groupe familial, coté en bourse, aux activités multiples et variées. La filiale (voir définition) Derichebourg Aéronautics Services, spécialisée dans l’ingénierie pour l’aéronautique, située à Blagnac (aéroport de Toulouse),  est soumise en 2020 à un plan machiavélique.

Suite aux possibles conséquences financières du COVID 19, la Direction n’a laissé au personnel que le choix entre  un plan de licenciement de 700 personnes sur un effectif de 1300 salariés, ou une baisse drastique des rémunérations, en contrepartie d’une garantie d’emploi jusqu’en 2022 !. Le syndicat majoritaire a validé cette seconde alternative, abusivement dénommée « Accord de Performance Collective ». A ce jour, seuls 163 salariés ont refusé cette réduction de salaire et seront donc licenciés pour cause réelle et sérieuse.

L’État s’apprête à distribuer  une manne de 14 milliards € à la filière aéronautique, il est fort probable que cette entreprise soit destinataire d’une part de ce pactole.

Quelques données  simplifiées sur l’actionnariat :  Derichebourg Aéronautique appartient à une holding (voir définition) Derichebourg SA, dont les actionnaires sont :  Famille Derichebourg (Ina, Daniel, Thomas et Boris) : 41%, Public (bourse) : 58%, Salariés : 1%.

Comme dans tous les groupes, on compte une flopée de holdings intermédiaires dont  CFER, Financière DGB, DGB finances , cette dernière, holding personnelle de la famille, a son adresse en Belgique, probablement pour bénéficier de la fiscalité avantageuse de ce pays sur les droits de mutation.
Dernière précision: dans l’ensemble du groupe, la publication des comptes annuels s’effectue sur une période qui s’étend du 1er octobre au 30 septembre de l’année suivante.

Une duperie : Pourquoi ?

Estimation difficile du montant du résultat pour l’exercice se clôturant au 30/09/2020

«  Selon l’expertise comptable commandée par les syndicats, l’entreprise est certes affectée par la baisse de l’activité chez ses donneurs d’ordres mais grâce aux mesures de chômage partiel, les comptes de Derichebourg ne devraient pas passer dans le rouge avant septembre. » (Journal Libération du 15/06/2020)

En effet, les conséquences financières de la réduction d’activité pourraient être en partie compensées par :

– le recours massif au chômage partiel pour les salariés,
– « les économies » réalisées sur les intérimaires, : sur les 12 mois précédents , un coût du personnel extérieur de 9 millions €,
– le bénéfice réalisé d’octobre 2019  à mi mars 2020 , depuis 6 ans le bénéfice annuel varie autour de 6 millions € (voir ci-dessous).

Existence d’importantes ressources financières accumulées

 Des résultats largement bénéficiaires pour Derichebourg Aéronautics Services

Pour un capital de 2 millions € investi dans l’entreprise  (40 000 € jusqu’en 2012), les résultats traduisent une rentabilité hors du commun (300%) puisqu’ils évoluent autour des 6 millions € annuels.
En cumul sur 6 exercices, c’est un montant de 34 millions € de bénéfices dégagés.

En quasi-totalité prélevés par la holding Derichebourg SA

La Holding Derichebourg SA, actionnaire unique,  prélève, sous forme de dividendes, les bénéfices de sa filiale, un montant de 31,5 millions € en cumul  sur 6 ans.

Mais conservés pour les deux tiers dans le  Groupe DERICHEBOURG

Pour un capital de 40 millions € investi dans le groupe (voir définition), les bénéfices pour l’ensemble du groupe traduisent aussi une forte rentabilité (plus de 100%). L’exercice 2013/2014 est une exception liée à une écriture comptable « virtuelle », (dotations aux provisions de 13 millions € pour dépréciation de créances)

Sur les 6 derniers exercices, c’est un cumul de résultats de 244,6 millions €, distribués pour 1/3 (75 millions €) en dividendes aux actionnaires (voir plus haut) et pour 2/3 (170 millions €) réinvestis dans l’entreprise.

Ce constat appelle deux remarques :

Les actionnaires ne sont, en principe, pas lésés : le capital investi dans le groupe est de 40 millions €
Les ressources existent dans le Groupe pour  restituer à Derichebourg Aéronautic, les 34 millions € ou même 30 millions €, lui permettant de financer les éventuelles difficultés.

 DONC CE NE SONT NI LES SALARIES, NI LE CONTRIBUABLE QUI DOIVENT COMPENSER LES PERTES ÉVENTUELLES MAIS LE GROUPE ET SES ACTIONNAIRES

 Des raisons cachées ? Objectif boursier ?

« Dégradation » du patrimoine de la Famille Derichebourg 

Selon le magazine Challenges, la famille est  classée parmi les 500 plus grandes fortunes de France , avec un patrimoine de 190 millions € en 2019. Mais sa valeur était, deux années auparavant,  de 450 millions €. Insupportable non ?

Due en partie à la baisse du cours de bourse   

-46% selon le site Boursier.com

« La famille fondatrice ne détient plus que 40,1 % du groupe (CA : 2,9 milliards) coté de traitement des déchets et de services aux entreprises. Son cours a beaucoup baissé. » Magazine Challenges

 Et incitant à la poursuite d’un seul objectif : le cours de bourse !

2019 : Annulation d’actions

Pour redresser le cours de l’action, il existe une technique aussi absurde que pénalisante pour l’entreprise, très utilisée aux USA et autorisée en France depuis 1999, le rachat par l’entreprise de ses propres actions pour les détruire (voir explications).
C’est une perte sèche pour l’entreprise ou le groupe  et un gain net pour les actionnaires, le bénéfice étant réparti sur un plus petit nombre d’actions.

Derichebourg SA a racheté en 2019, 4 481 291 actions, pour les annuler, c’est à dire les détruire, soit une perte nette de 1 120 322,75 €  (Document d’enregistrement universel 2018/2019 p 108).
On peut craindre que l’opération ne soit renouvelée en 2020 et/ou les années suivantes.

2020 : Licenciements boursiers ?

Les licenciements ont en général un impact immédiat à la hausse sur le cours de  bourse.
Ainsi, par exemple, Muriel Pénicaud (ex ministre du travail) a  réalisé  en 2013 une plus value de 1 million € sur ces actions  (stock option) peu après l’annonce d’un plan social chez  Danone, son employeur du moment.
Avec ses fameux « accords de performance globale », a-t-elle voulu faire bénéficier ses pairs des  mêmes opportunités ?

Les salariés de Derichebourg Aéronautics pourraient bien être les victimes d’une stratégie boursière de la famille actionnaire.
Quant à la collectivité et à la manne de 14 milliards €, espérons que sa répartition sera effectuée avec un  minimum de discernement .

Une seule solution, la restitution des 34 (voire de 30)  millions € prélevés sur les 6 derniers exercices, pour assurer le financement des éventuelles difficultés financières liées à la crise du COVID 19.

Sources

Comptes annuels de Derichebourg Aéronautics Services : 2012 à 2019
Documents de référence Derichebourg : 2014 à 2018
Document d’enregistrement universel  Derichebourg 2019
Magazine Challenges du 03/07/2020
Journal Libération  du 15/06/2020

 

Sources

Comptes annuels de Derichebourg Aéronautics Services : 2012 à 2019
Documents de référence Derichebourg : 2014 à 2018
Document d’enregistrement universel  Derichebourg 2019
Magazine Challenges du 03/07/2020
Journal Libération  du 15/06/2020

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Commentaires

Marie dit :

Alors…
« Selon l’expertise comptable commandée par les syndicats, l’entreprise est certes affectée par la baisse de l’activité chez ses donneurs d’ordres mais grâce aux mesures de chômage partiel, les comptes de Derichebourg ne devraient pas passer dans le rouge avant septembre. » (Journal Libération du 15/06/2020)
Le syndicat majoritaire a marché dans la combine ???

Et après cette étude…
…CE NE SONT DONC NI LES SALARIES, NI LE CONTRIBUABLE QUI DOIVENT COMPENSER LES PERTES ÉVENTUELLES MAIS LE GROUPE ET SES ACTIONNAIRES
Cela parait évident. Ce sont toujours les mêmes qui encaissent les dividendes et la communauté qui renfloue les pertes. QUAND LES EMPLOYÉS S’EN RENDRONT-ILS COMPTE ?

arlette dit :

Merci pour ce commentaire, c’est parfois désespérant de constater que malgré les évidences chiffrées, un grand nombre de salariés et certains syndicats continuent d’avaler les mensonges patronaux !